Architectes sans Frontières Norvège

MAISON D’ARTISANAT PILAGÁ
Équipe : Paola Bornaschella, Melina Cauchich, Quique Bayarri, Alfonso Rengifo
Année de création : 2024 – aujourd’hui
Lieu : Pozo del Tigre, Formosa, Argentine
Contact: [email protected]
Web: https://augnorge.org
Description, concept, objectifs
Les femmes Pilagá se consacrent à la vannerie traditionnelle à partir des feuilles de carandillo, un palmier arbustif qui pousse dans les collines. La collecte de cette matière première est périlleuse, car la forêt abrite des reptiles et des félins. Toutes les pièces sont entièrement tissées à la main selon des techniques ancestrales. Les artisanes les plus expérimentées transmettent leur savoir-faire aux jeunes femmes et préservent ainsi les savoirs autochtones. Aujourd’hui, environ 2 600 artisanes vivent dans l’ensemble du Grand Chaco.
Les droits des femmes et les opportunités économiques dans les communautés indigènes restent inéquitables. Pendant les saisons de récolte et de pêche, les hommes s’absentent, laissant les femmes élever et nourrir seules les enfants. Leur activité artisanale devient alors la seule source de revenus.
Notre approche a été de soutenir l’indépendance économique des femmes et leur héritage culturel en créant un centre communautaire dédié à la production, au stockage et à la vente de leurs œuvres. La Maison d’Artisanat leur offre un lieu central et accessible pour exercer leur activité. Ce bâtiment permet à la communauté indigène locale de transmettre les savoirs précieux de ses aînées. Accompagner l’autonomisation économique des femmes favorise l’égalité et en fait des actrices clés du développement productif, social et environnemental. Le renforcement des réseaux de femmes constitue par ailleurs un levier territorial essentiel pour prévenir les violences de genre.





Activités réalisées
Une architecte et un sociologue local du groupe AUG ont voyagé à Formosa et ont vécu pendant quatre jours avec les membres de la communauté pour analyser leurs besoins et co-construire un programme spatial adapté.
Le projet est né d’une collaboration avec des sociologues et des anthropologues, dont Walter Bosisio, et se concentre sur les droits des femmes, le patrimoine autochtone et les échanges interculturels.
Il n’aurait toutefois pas été possible sans l’appui de la Fondation GRAN CHACO, qui a assuré la communication et la gestion des ressources depuis la Norvège jusqu’à la phase de construction.



Difficultés rencontrées
Plusieurs défis ont dû être relevés :
Communication et suivi : L’intégration de la Fondation GRAN CHACO et de son architecte locale a permis un suivi rapproché du chantier. Le bâtiment suit une trame constructive rigoureuse de 975 mm, définie par les dimensions standard des briques produites localement. Ce système modulaire offre des avantages importants : une conception plus claire, un contrôle facilité, une économie de moyens, et une exécution plus rapide. La simplification des détails réduit les erreurs.
Accès limité aux ressources futures pour l’entretien : Ce défi a été résolu en utilisant exclusivement des briques issues de la coopérative locale. La trame bien pensée est la base d’une architecture robuste et sincère, où la structure et les matériaux restent visibles, assumant leur fonction sans nécessiter de maintenance.
Impact environnemental : Les briques sont fabriquées par la communauté elle-même, ce qui stimule l’économie locale et valorise les ressources autochtones. L’argile est extraite et cuite sur place.
Gestion énergétique et absence d’infrastructure technologique : Des solutions bioclimatiques ont été choisies pour une efficacité énergétique accrue et un faible impact environnemental. Les murs sont faits de briques pleines, renforçant l’inertie thermique. La ventilation est optimisée grâce à des patios et des ouvertures orientées dans plusieurs directions.






Défis à venir
La Fondation GRAN CHACO, qui soutient des initiatives sociales et communautaires dans les communautés indigènes, veille à une utilisation pertinente et durable du centre.
Grâce à ce projet, le bâtiment est désormais une halte pour les visiteurs et touristes de passage dans la région — une reconnaissance officielle de la municipalité au vu des résultats et de l’implication des diverses organisations.
Des liens solides ont été tissés, avec des conséquences très positives pour la communauté.
Aujourd’hui, environ 30 artisanes Pilagá utilisent activement l’espace. 20 artisanes Wichí bénéficient également de ses installations. Deux fois par semaine, un bus de touristes et voyageurs parcourt la route entre la capitale de Formosa et le Paraguay. Deux lits sont disponibles pour héberger les artisanes venues de loin pour suivre des formations.

