Construir Colectivo
CONSTRUIR COLECTIVO
Projets: Place de la Renaissance Vidilfo Monges Reyes / Espace communautaire Rincón de Lucha / Cantine et Lycée populaire Savio / Siège central FOB Somellera / Merendero Los Peques / Participation à la commission d’urbanisme à Guernica
Membres: Barrionuevo, Fuad Federico ; Copello, Verónica Luciana ; Diaz, Agustín Hernán ; Filippini, María Cecilia ; González Gattoni, Ailén ; Maffei, Gabriel Alejandro ; Montero, Ramiro ; Mullen, Ailin Sabrina ; Orzabal, Lucas ; Paroldi Algranati, Ludmila Jael ; Peart, Sofía ; Spangenberg, Nicolás
Années d’activité: 2020 à aujourd’hui
Lieu: Région Métropolitaine de Buenos Aires (AMBA)
Contact: [email protected]
Site Web: http://construircolectivo.substack.com/
Instagram: @construir.colectivo



Description, concept, objectifs
Notre projet collectif est né du besoin de nous organiser en tant que jeunes professionnel·les ayant intégré le monde du travail en pleine pandémie, avec l’objectif de nous développer autour de deux axes fondamentaux : l’exercice de l’architecture et l’engagement pour l’habitat populaire.
À partir de notre expérience, nous abordons l’architecture communautaire comme une pratique collective, cherchant à répondre au manque d’équipes techniques de terrain disponibles pour accompagner les organisations du champ populaire. Pour cela, nous avons mis en place des formes alternatives d’exercice professionnel, en travaillant en petites équipes de deux ou trois personnes afin d’assurer un accompagnement plus global.
Nous nous définissons comme un espace dynamique, qui se transforme selon les besoins du contexte, en privilégiant la pratique comme point de départ pour construire une théorie. Cette approche nous a permis de nous impliquer rapidement dans des processus significatifs, comme notre participation à la commission d’urbanisme de l’occupation de terres à Guernica, où nous avons élaboré, aux côtés d’autres organisations, une proposition de résolution de la crise du logement. Bien que cette expérience ait été brève, interrompue par l’intervention de l’État, elle nous a permis de tisser de nouvelles alliances et d’intégrer des processus territoriaux en cours qui manquaient d’accompagnement technique.
Pour avancer collectivement, nous avons mis en place des accords préliminaires définissant notre mode d’intervention, permettant de construire des liens solides avec les organisations et leurs territoires. Le lien avec chaque organisation s’inscrit dans une stratégie territoriale plus large, et chaque projet que nous accompagnons constitue une tactique d’approche adaptée au territoire concerné.
Même si plusieurs de nos projets se distinguent par leur ampleur et leur impact territorial dans toute la zone nord de l’AMBA, nous souhaitons souligner l’Espace communautaire Rincón de Lucha, un processus que nous avons pu accompagner du début à la fin. Le territoire sur lequel il se situe est une zone humide continentale appartenant à l’écorégion Delta et Îles du Paraná : un terrain bas, inondable, où se forment des lagunes intermittentes permettant l’expansion du fleuve lors des crues.
Depuis 2020, grâce à un accord de collaboration avec les organisations sociales FAR (Frente Arde Rojo) et la FOB (Fédération des Organisations de Base), nous avons assuré la planification et le suivi technique d’au moins huit espaces, entre lycées populaires, centres culturels pour tous âges et cantines.
Pendant trois années, nous avons travaillé aux côtés de l’organisation pour construire des salles de classe et leurs installations, accompagnant leur propre processus de croissance. Compte tenu de la sensibilité écologique du site, la conception de l’assainissement fut particulièrement complexe : il n’existe pas de réseau d’égouts, et les systèmes traditionnels sont inadaptés à cette écorégion, car ils peuvent libérer des agents pathogènes dangereux lors des crues.
Face à la nécessité de traiter les eaux usées avec peu de ressources et de manière durable, nous avons développé un système de biodigesteurs artisanaux, permettant de réduire les coûts de production tout en donnant à la communauté la capacité de produire son propre système d’assainissement écologique.
Par ailleurs, depuis 2022, dans le cadre des politiques d’intégration socio-urbaine, nous avons participé à des projets avec le MTE (Mouvement des Travailleurs Exclus), comme la Place de la Renaissance Vidilfo Monges Reyes à Esteban Echeverría et le Merendero Los Pekes à 9 de Abril.
Le projet de la Place de la Renaissance, située dans le quartier de San Ignacio à Esteban Echeverría, s’inscrit dans un programme plus vaste de réunification de deux quartiers séparés par le ruisseau Ortega. Son objectif principal était de transformer une ancienne décharge en un espace de rencontre et de vie collective, au-delà des usages spécifiques, devenant ainsi une réalisation communautaire qui dépasse la seule phase de construction.
Tous nos projets partagent un même dénominateur : l’exigence de synthèse et de créativité face à la rareté, ainsi qu’un engagement ferme en faveur de solutions durables, régénératives et intégrales adaptées à chaque territoire.


Actividades realizadas
Pour mener à bien nos projets, nous partons d’accords préalables avec les organisations, en tenant compte de leurs spécificités et de leurs visions territoriales. À partir de là, nous élaborons des feuilles de route permettant de débattre, de prendre des décisions collectives et de mettre en œuvre les tâches nécessaires.
Nous utilisons des méthodologies participatives, telles que des assemblées et des journées collectives, et nous nous appuyons sur des conseils d’organismes publics, privés et de professionnel·les d’autres disciplines, ce qui nous permet d’enrichir les approches et de concevoir et construire les espaces de manière intégrée.
Dans le cas du projet Rincón de Lucha, nous avons organisé une journée de construction communautaire qui a été précieuse pour les habitant·es, tant pour les outils transmis que pour l’échange de savoirs, notamment autour de la création du biodigesteur. Ces infrastructures permettent aussi une réflexion critique sur les empreintes que nous laissons en tant qu’humanité et sur ce que nous pouvons en faire.
Ce système fait aujourd’hui l’objet d’une recherche biotechnologique à laquelle participent plusieurs acteurs territoriaux, en collaboration avec l’INTA (Institut National de Technologie Agroalimentaire), afin de tester la qualité des eaux traitées et de rapprocher cette technologie adaptée du quotidien des habitant·es des zones humides.
À travers cette expérience, notre collectif souhaite contribuer non seulement au débat sur la production architecturale – comment et pour qui elle est réalisée – mais aussi à la construction d’une autonomie technoscientifique populaire, où la matérialisation des projets renforce les réseaux de collaboration, de solidarité et de durabilité depuis une perspective intégrale et écoféministe.
Quant aux projets de la Place de la Renaissance et du Merendero Los Pekes, ils ont été réalisés via un processus participatif, avec des assemblées de quartier et des journées d’échange d’idées et de présentation des avancées devant les voisin·es.



Dificultades experimentadas
Le principal obstacle auquel nous faisons face dans le travail pour l’habitat populaire est le manque de financement pérenne, indispensable pour améliorer durablement les conditions de vie dans les quartiers. Cette carence entraîne une forte instabilité et complique la planification des projets.
Nous voulons mettre notre savoir-faire au service des besoins populaires, mais ces initiatives sont constamment menacées par des décisions politiques qui réduisent ou suppriment les canaux d’intervention. À cela s’ajoute la précarisation croissante : de nombreux·ses jeunes professionnel·les doivent cumuler plusieurs emplois, ce qui engendre une surcharge de travail et réduit leur capacité à s’investir dans les problématiques liées à l’habitat populaire.
L’instabilité des financements publics, souvent soumise aux aléas politiques, a stoppé l’exécution de plusieurs projets en cours. En réponse, nous avons développé des stratégies de financement alternatives, comme dans les cas de Maquinista Savio et Somellera, où nous avons utilisé des matériaux recyclés, des techniques de bioarchitecture, et organisé des loteries au profit des espaces pour recueillir des dons.
Desafíos futuros
Nos défis se situent à deux niveaux interconnectés, dont l’importance varie selon le contexte. D’une part, il est impossible d’ignorer la complexité extrême de la situation actuelle en Argentine. Elle nous oblige à mobiliser des outils pour affronter une crise qui touche tous les aspects de notre vie, professionnelle comme humaine. Dans ce cadre, le collectif devient un espace de soutien, de redéfinition constante et de réflexion critique face à une réalité en mutation permanente. Cela exige sensibilité, engagement et capacité d’adaptation, sans jamais renoncer à nos convictions.
Parallèlement, nous développons une stratégie à long terme visant à consolider une source de financement stable qui permette d’articuler l’exercice professionnel avec la transformation sociale. Nous aspirons à renforcer le caractère collectif et transformateur de notre métier, en éveillant les consciences et en rassemblant d’autres professionnel·les engagé·es pour le droit à l’habitat et la justice sociale.
Nous considérons qu’il est fondamental de disputer les significations et les pratiques dominantes dans tous les espaces – académiques, publics et privés – en construisant des formes alternatives d’habiter l’architecture, depuis une pratique située, critique et transformatrice. C’est dans cette direction que nous cherchons à consolider une structure organisationnelle en réseau, qui serve de cadre de travail pour les jeunes architectes engagé·es en faveur du droit à l’habitat et de la justice sociale.

